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Affichage des articles du 2020

Neuf mois dans les abysses

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Abysse : profondeurs sous-marines où la lumière ne filtre pas ou peu et dont l'étendue occupe la majeure partie du globe.   A l'aube d'une nouvelle année, on n'ose plus prendre de bonnes résolutions. A peine jette-t-on un regard en arrière pour tenter un modeste bilan.    Au printemps, la troupe perdait la moitié de ses effectifs, mais quelques comédiens expérimentaient le visio-théâtre. Nous fûmes "les oubliés du dé-confinement" mais avons pu compter sur l'aide de proches pour préparer et diffuser notre spectacle rescapé. En septembre, on se faufile pour 3 représentations devant un public parsemé, masqué, hydro-alcoolisé. Et voilà qu'à peine notre 27 ème saison engagée, nous sommes renvoyés dans nos pénates ! Les circonstances sont bien différentes, cet automne : les enfants vont à l'école, les adultes sont tous au travail. Les visios qui furent un lien bienvenu, deviennent une contrainte supplémentaire. Le manque de perspective sème le doute da

"E la nave va" - toutes voiles rabattues

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A l'heure où le milieu culturel exprime sa frustration quant à la fermeture de ses lieux de travail, les commentateurs compatissent.   La culture est un secteur économique important. La culture est un vecteur de vie sociale. La culture est essentielle, etc. On aimerait aussi évoquer la dimension émancipatrice, civilisationnelle de la pratique, de la fréquentation, du côtoiement de l'art. "Même l’illettré qui n'a pas lu et ne lira jamais Flaubert, Rimbaud ou Joyce, ne vit pas aujourd'hui de la même façon que son semblable avant que ceux-ci apparaissent." Claude Simon, prix Nobel Au-delà de la fonction de lien, d'échange d'idées de l'art, à l'instar de la concrète réalité socio-économique de la culture, il s'agit d'émotion partagée, d'accès à l'abstrait, de transcendance pour éprouver ce qu'on ne saurait comprendre. La culture livre au plus grand nombre, une vision personnelle et artistique de la société des humains. C'est

Ecrire à petits pas …

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Parfois les logements sont exigus, les voisins trop proches. Parfois les connexions sont faibles, les images floues, le son épisodique. Parfois on voudrait un horizon. Parfois s'exprime la frustration … Éloigné des autres, on s'accroche à ce lien ténu du rendez-vous-hebdo-en-visio pour grappiller un peu de bonne humeur, dire encore notre sympathie mutuelle, entretenir la patience. Dans l'attente de jours meilleurs, on gravite cahin-caha, on partage. Les premiers travaux n'ont pas pu être livrés en novembre : 3 groupes et 3 textes qui n'ont pas rencontré leur public. Une lettre au Père Noël pour jouer avec la générosité - des enfants qui en ont montré tant - "parce que papa m'a expliqué que vous n'étiez pas très riche cette année" . Un exercice auquel les petits compagnons se sont adonnés avec espièglerie. Les jeunes acteurs de la compagnie "parlaient de poètes et d'écrivains qui font la route avec nous" , parmi lesquels un talentueux

Surmonter les épreuves … encore !

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Début novembre, un confinement partiel nous compte cependant parmi les activités sacrifiées sur l'autel sanitaire. Après 3 semaines de démarrage de la saison, les salles municipales ferment et nous laissent sans possibilité de développer notre programme ni de poursuivre nos répétitions théâtrales - à l'inverse des institutions culturelles qui peuvent au moins travailler et avoir des perspectives pour l'heure de la sortie. On nous assure comprendre notre désarroi… et puis quoi ? Rien. Fidèle, tant à son esprit qu'à son nom, la Compagnie du Ressort tente encore de résister et de rebondir. C'est re-parti pour les séances en visio - qu'il faut raccourcir pour ne pas fatiguer, qu'il faut multiplier pour préserver un ersatz de séance particulière lorsque l'effervescence collective est empêchée. Face aux incertitudes, on décide d'amender notre programme et de s'atteler à la constitution d'un Grand Répertoire de Petites Formes théâtrales. Si l'au

Vivants, tant qu'on peut !

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Ce fut un mois de septembre sous haute tension sanitaire pour notre troupe qui, dès la fin août, était sur le pont, prête à gravir les marches du théâtre. Durant l'été, on s'est préparé à investir l'espace public - les parcs, les places, les coins de rues - à la rencontre d'un public de passage… mais le contexte de rentrée ne s'y est pas prêté (si nous sommes enthousiastes, nous ne sommes pas inconséquents) ! Fidèle à sa réputation, la Compagnie du Ressort rebondit ! Parce qu'on n'allait pas s'empêcher d'offrir l'écrin d'un théâtre qui mettra en lumière et en son, les talents et les élans de ceux qui étaient encore de l'aventure. Le 1er septembre, on récupère les clés de la salle de répétition et on consacre les 8 premières heures de la saison à nettoyer, désinfecter et ranger les locaux qui accueilleront bientôt notre troupe, en toute sécurité. On mène tout de front : répétitions de 3 spectacles (dont 2 formes courtes), rafraîchissement

Nos compagnons ont du talent - Joséphine

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La rubrique récurrente de nos compagnons créatifs. Orpheline à 11 ans, Joséphine LE GRALL passe d'un foyer à un autre avant de devoir quitter l'école et être placée comme bonne-à-tout-faire dans une famille de sa Bretagne intérieure. Déjà animée par une certaine idée d'indépendance, elle s'émancipe de ce destin en apprenant le métier de couturière. C'est à la fin des années 40, qu'avec son mari, elle quitte sa région natale, égrenée de tristes souvenirs, pour rejoindre Paris où elle travaillera et élèvera ses trois enfants - dont Didier, le Régisseur Général de la Compagnie du Ressort. Couturière dans la confection textile, elle entre ensuite dans l'administration du ministère de l'industrie.   A 71 ans, veuve et retraitée, elle renoue avec son premier métier et se lance un nouveau défi : être costumière pour le théâtre. Elle promet de rester à nos côtés jusqu'à son 80ème anniversaire… puis, prise au jeu de sa famille artistique, elle rempile ! Penda

Du théâtre, malgré tout !

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Depuis un mois, grâce au soutien de quelques amis et à l'enthousiasme tenace de notre troupe de comédiens adultes, les corps s'animent enfin, les regards s'échangent réellement, les émotions s'expriment avec vérité. C'est le grand retour à l'atelier des costumes et des décors, à l'effervescence logistique et de communication, à la frénésie créatrice des répétitions. Ainsi, malgré la crise sanitaire, malgré un dé-confinement difficile, malgré le déni des pouvoirs publics quant à notre situation encore précarisée, la Compagnie du Ressort a lutté durant les temps "enfermés", pour parvenir à organiser quatre représentations-pirates de son spectacle-survivant. 16 comparses bénévoles, ébouriffés et gonflés à bloc pour tirer les larmes, les rires et l'étonnement de 20 personnes "masquées" chaque soir (si vous n'avez pas votre masque, on vous en prête de très jolis, fabriqués par nous-mêmes)… grâce à une farce métaphysique, l'ago

Ceux qui sont à nos côtés

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Depuis mi-mai, nous avons été, chaque jour davantage, les témoins du retour à l'activité et à un semblant de vie sociale… des autres. Libéré ou contraint, on pointe peu à peu son nez hors de chez soi. Le bruit sourd de la ville tinte à nouveau. Ça semble revivre quelque peu. Ravivées par l'espoir de se revoir bientôt, les répétitions - encore virtuelles - se font plus intenses, plus vibrantes. Avec enthousiasme, on reprend contact avec les élus locaux pour solliciter l'aide tant promise afin d'envisager un retour partiel mais réel à nos répétitions théâtrales. Après 2 semaines sans réponse, nous réitérons un appel plus précis. Citoyens responsables et solidaires que nous sommes, nous proposons notre participation active et la prise en charge du nettoyage et de l'entretien sanitaire du local municipal que nous souhaitons ré-investir pour un petit mois, et sans lequel notre spectacle ne peut exister. Assurés d'avoir mis en place un protocole sanitaire str

Nos compagnons ont du talent - Jules

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Jules Huriguen vit et œuvre à Malakoff. Ses galères, ses émois, ses colères… il les écrit, il les compose, il les chante avec une tendre profondeur. On s'attache au rappeur JUNIO qui égrène ses mots doux-amers avec un regard où pointe la poésie du désarroi. Compagnon du Ressort depuis 2018. Cigarette Nouvelle demeure Une légende Et enfin, le troisième et dernier chapitre de la Nouvelle policière de Ludovic Cocqueret (n°1 publié le 6.5 - n°2 publié le 13.5) Troublantes coïncidences - chapitre 3 Paris, le dix décembre deux-mille-huit. - Commissaire Ménaud ? - Quoi, Lambert ? - Un autre meurtre a encore été perpétré. - Où ça ? - Rue du Faubourg-Saint-Antoine, près du port de plaisance, à quelques pas d'ici. - Il s'agit encore d'une jeune fille, rousse cette fois-ci. - Où l'a-t-on retrouvée ? - Dans la cage de l'ascenseur. C'est la voisine du dessous qui a donné l'alerte. - Comment s'appelle-t-elle ? - Suzie Mac Lee.   Ménaud al

Retour vers l'Eden

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"Eden" . Une forme théâtrale courte qu'on a imaginée pour aller à la rencontre des gens, dans des lieux de convivialité populaire. 6 comédien.ne.s, 1 metteur en scène, 1 technicien qui ont écumé les bars et les restaurants - Paris & Banlieue - à l'automne-hiver 2019-2020. On a hâte de retrouver ces petits coins de paradis… Pour le moment, on se prépare à envahir à nouveau, les bars, les restaurants, les jardins privatifs… et on a les souvenirs qui inspirent une page sur notre site internet , les mots de Sophie et un "filmage" confiné. Dix semaines se sont écoulées depuis la dernière sortie d’"Eden"- déjà une éternité. Têtes à têtes, nez à nez, à respirer goulument le même air. Rire ensemble à propos d’une cochonnerie trouvée dans la rue sous les giboulées. La toucher, la tourner dans les airs… Thibaut grogne «Cécile a intérêt à se laver les mains avant de m’épouiller». Dix semaines, une éternité. Un bar parisien bondé et un public

Nos compagnons ont du talent ! Cécile

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La rubrique récurrente de nos compagnons artistes - de métier ou par hobby, ils sont créatifs. Compagnonne du Ressort depuis 2011, Cécile Fréchou est infographiste à Paris. Elle met aussi tout son talent et son humour à illustrer les anecdotes d'une  famille (presque) ordinaire , "Les boudins-purée" . On le suppose assez bien : il s'agit bien de sa propre actualité familiale - entre 2011 et 2017 - mais elle n'ose pas le dire ! Lisez son Blog - 2 fois nominé pour la Révélation Blog à Angoulême - et vous comprendrez pourquoi… Un trait de crayon dynamique, des bulles corrosives, des mini-histoires qui dérideraient n'importe quel confiné en quelques cases ! Et comme promis, la suite de la Nouvelle policière de Ludovic Cocqueret (chapitre 1 publié le 6.5). TROUBLANTES COÏNCIDENCES - chapitre 2 Paris, le neuf décembre deux-mille-huit. «J’ai grandi en Angleterre auprès de mes parents qui nous ont étouffées, ma sœur et moi, de leur amour incommens

A quand le 11 mai du spectacle ?

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On comprend bien qu'il s'agit de se protéger du virus. On entend bien qu'il ne faut pas laisser s'effondrer l'économie (laquelle d'ailleurs ?). On évalue aisément la nécessité d'un mode de garde des enfants dont les parents partent travailler. On suppose volontiers qu'un regroupement en nombre ne s'acclimate pas à la situation sanitaire… On a toutefois du mal à envisager que cela soit un empêchement radical à l'imagination, l'émotion, la création… partagées. On fait confiance aux institutions, aux entreprises, aux artisans pour prendre leurs responsabilités et faire preuve de bonne intelligence pour reprendre leurs activités en protégeant les travailleurs, les usagers, les familles… Ne peut-on considérer que le spectacle - grand ou petit - fait aussi société et a les mêmes capacités d'adaptation ? Depuis le 16 mars, il nous a bien fallu réformer les modalités de notre activité et - parce que nous imaginons, nous adaptons, nous é

Nos compagnons ont du talent ! Eric

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Une "rubrique" plus qu'un 'article", qui a une vocation récurrente. Sa périodicité est aléatoire - en fonction de l'actualité de nos Compagnons du Ressort. Qu'ils soit professionnels ou qu'ils pratiquent un hobby, ils ont en commun une expression artistique, créative. Eric Veillé publie sa première BD en 2008 : Le sens de la vie et ses frères . Depuis, il poursuit son œuvre comme auteur et illustrateur de livres pour la jeunesse avec L'encyclopédie des mamies , Les secrets de l'école , la série des Lionel et Les petites histoires Filliozat - dont les dernières viennent de sortir en plein confinement… A (re)trouver dans les bonnes librairies dès le 11 mai ou sur la librairie en ligne qui défend les libraires indépendants. Eric est un Compagnon du Ressort depuis 2011, il étoffe aussi ce Blog de ses dessins. En prime, un feuilleton à suspens mis en mot par Ludovic Cocqueret - Compagnon du Ressort depuis 2019. En dehors de son trav

Des chocolats et des fleurs… confinés.

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Cette année, les chocolats ne se partagent pas - plutôt que convivialité, ils sont synonymes de cocooning dans une période où tout petit plaisir est bon à prendre. Et, à y bien regarder, on verrait presque pousser du muguet entre les lattes du plancher du salon. En avril, pas de course aux œufs collective, pour les enfants que nous sommes encore… à moins d'un peu d'imagination - et nos familles en ont ! Ce 1 er mai, pas de défilé dans les rues de la Capitale pour les citoyens engagés que nous voulons être, mais une pensée solidaire pour tous ceux dont les conditions de travail sont encore dégradées - si tant est qu'elle eussent été bonnes - , pour les chômeurs dont l'activité salariée n'est déjà plus qu'un souvenir, pour les artisans qui s'impatientent au bord du gouffre économique révélé par la crise sanitaire, pour les artistes et les intermittents su spectacle qui semblent - plus que jamais - en marge des préoccupations sociales, pour tous les

Je propose. Tu disposes. Il/Elle agit. Nous rêvons. Vous créez. Ils/Elles existent.

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Depuis le 24 mars, les répétitions de la troupe vont bon train. Après l'émoi de retrouvailles inespérées, vient le temps inévitable de la mise en place d'une nouvelle logistique pour nos séances dorénavant virtuelles - et de son chapelet de conseils utiles, de remarques futiles, d'agréments subtils… "Oh, je vous vois ! Vous me voyez ?", "Tâchez de bien vous tenir sans vous avachir dans les coussins !", "Comment on fait pour flouter le fond ?", "T'es mal cadré, là"… Nous voilà prêts à assurer un nouveau quotidien ! Cependant, on se désole de trop rares nouvelles des jeunes acteurs. A ce qu'il paraît, ils sont happés par le devoir- l'école aurait fait une OPA sur ses élèves en captivité ! Malgré plusieurs tentatives, la plupart semblent évanouis dans des nimbes, tels les compagnons de l'Homme-à-la-cloche ayant rencontré un Boojum (cf. "La chasse au Snark" de Lewis Carroll)…   Mais à l'approche de

On a voulu croire qu'on était libres.

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Le 14 mars 2020, la troupe de la COMPAGNIE DU RESSORT préférait se donner en spectacle dans un café associatif plutôt que d'écouter un discours présidentiel qui, de manière frivole, nous inquiétait davantage que le virus. Nous avions pris de grosses mesures à visées sanitaires, mais on ne peut jamais savoir… Fort heureusement, notre dernière sortie n'a provoqué aucun désagrément. Que faire alors ? Parer à l'urgence en prévenant nos adhérents, nos comédiens, nos salariés, de la suspension de notre activité, jusqu'à nouvel ordre. Et puis céder à la stupeur, à la torpeur provoquées par la situation inédite. Ne pas se laisser saisir par la panique, prendre des nouvelles de ses proches. Se désespérer de nos projet artistiques laissés à l'abandon (1 spectacle en tournée - inachevée - dans les bars et les restaurants - Paris et banlieue - 2 spectacles programmés à la fin du printemps - en cours de répétition). Cela nous a bouleversé… pas très longtemps ! D'