Le comédien désincarné
En reprenant le titre de l'ouvrage où Louis Jouvet compilait ses notes de réfugié sur un lointain continent, durant les années 1940, on y entend quelque écho avec nos vies exilées à l'intérieur : "En ce moment où il m'est impossible de faire du nouveau, de monter de nouvelles pièces de théâtre, je me laisse gagner par les interrogations… Mon imagination, mon sens dramatique travaillent à peine, paresseusement et sans appétit." Se ré-inventer ? Sommes-nous si mal entendus qu'on croit que la culture n'a d'autre objet que la fuite d'une réalité dont les artistes auraient l'égocentrique privilège ? Nous sommes des citoyens, des travailleurs. L'art, comme vécu collectif s'appuie sur le temps qui donne à observer, à digérer, à transcender… Que ré-inventer quand la cadence hebdomadaire des annonces n'offre qu'un tour de roue pour les rôles de petits rats encagés, inemployés, auxquels on nous assigne ? Alors on insiste, on crie, on ...