Les bons vœux de ceux qui s'en fichent


On ne cesse pas d'être naïf, on ne cesse de croire que nos élus se soucient de solidarité à l'égard des démunis, on n'a de cesse de croire au Père Noël !

Contents de laisser cette "drôle d'année 2020" derrière nous, on a souhaité que 2021 nous donne un peu d'espoir, une petite perspective, une lueur dans la nuit, une nouvelle sympa au pied du sapin - en ces temps d'échanges traditionnels de bons vœux. Alors, on a pris notre plume pour sensibiliser nos élus locaux au péril qui est là, au désarroi qui est le nôtre, et solliciter l'autorisation de pratiquer (un peu) l'enseignement artistique de la Compagnie du Ressort - qui est permis depuis le 15 décembre … C'était aller au-devant d'une grande désillusion !

Outre ceux qui ne daignent même pas répondre à notre SOS, il y a ceux qui assument que "oui, les institutions culturelles sont ouvertes aux activités, mais pas les associations, car elles sont accueillies dans des locaux non-estampillés d'enseignement artistique"- feignant de ne pas comprendre ce qui nous y autorise pourtant - et vous envoient, pour preuve, le décret paru … en octobre !

Que nous sommes naïfs d'avoir cru que les mairies ne servent pas uniquement les intérêts de leurs structures institutionnelles au détriment des associations locales - qui animent les villes depuis 26 ans sans faillir - qu'elles ne répugnent pas à générer une concurrence déloyale entre leurs administrés, qu'elles n'abandonnent pas
les désappointés à leur triste sort ! Décidément, les lendemains de réveillon sont difficiles à digérer …

Que faire ? Que dire ? Sinon partager avec les lecteurs de ce blog, une lettre du petit Jaimito - distribuée dans les boîtes aux lettres de différents pays d'Amérique latine, depuis les années 1990 :

Cher vieux Père Noël,

Vous trouverez étrange que je vous écrive aujourd'hui 7 janvier, mais je veux éclaircir certaines choses qui se sont passées l'année dernière.

Vous n'aurez sans doute pas non plus oublié la lettre que je vous ai envoyée et dans laquelle je vous demandais une bicyclette, un train électrique, une paire de patins à roulettes et un jeu d'Atari.

L'année dernière, je me suis cassé la tête à étudier et, non seulement j'ai été le premier de la classe, mais en plus j'ai obtenu la meilleure note du collège où j'étudiais. 

Je ne vais pas vous mentir si je vous dis qu'il n'y a eu personne dans le quartier qui s'est mieux conduit que moi avec mes parents, avec mes frères, avec mes amis, avec mes voisins. Je rendais des services, j'aidais les vieux à traverser les rues et je faisais tout ce qui était à ma portée pour aider l' humanité.

Quelle merde vous avez dans le cœur et dans la tête, vieux Père-Noël, en laissant sous mon lit une toupie, une trompette et une balle en plastique ?

A quoi arrivez-vous à penser ? Où en êtes-vous, vieux crétin ? Pendant toute l'année tu t'es foutu de ma gueule pour me sortir une merde de cette catégorie et, non content de cela, au connard de fils de patron de mon père, à ce grand mange-merde, fainéant et désobéissant, tu lui as rempli la maison de jouets, oui, à ce connard, tu lui as amené tout ce qu'il avait demandé.

J'espère vieux débile, ne plus jamais te voir. Parce que, si je te revois, je vais te choper et te lapider, toi, le traîneau et les maudits animaux qui le tirent, pour qu'ils se barrent et que tu doives marcher à pied comme moi, puisque la bicyclette que je t'ai demandée c'était pour aller à l’école qui est en haut de la montagne.

Et je ne voudrais pas te dire au revoir sans traiter ta mère et j'aimerais qu'on te fusille, qu'on t'exile, que tu chopes le choléra ou le COVID, vieux mille fois cocu.
Jaimito.

P.S. La toupie, la trompette et le ballon en plastique, tu peux passer les reprendre pour te les mettre dans le cul, vieux fauché.
 
Lettre au Père Noël - publiée aux Éditions de la Mauvaise Graine en 2002
Merci à Cécile pour l'illustration "Père Nono"

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